mercredi 12 février 2014
Un jour de Boris Vian dans Je voudrais pas crever aux éditions 10/18
UN JOUR
Un jour
Il y aura autre chose que le jour
Une chose plus franche, que l'on appellera le Jodel
Une encore, translucide comme l'arcanson
Que l'on s'enchassera dans l'oeil d'un geste élégant
vendredi 18 octobre 2013
Baltiques oeuvres complètes 1954-2004 de Tomas Tranströmer traduit du Suédois par Jacques Outin
La nuit de Septembre est parfaitement noire au-delà des lampes.
Quand les yeux s'habituent, la lumière revient quelque peu
Sur les terres où progressent d'immenses limaces
et où les champignons sont nombreux, comme les étoiles.
Quand les yeux s'habituent, la lumière revient quelque peu
Sur les terres où progressent d'immenses limaces
et où les champignons sont nombreux, comme les étoiles.
mercredi 21 août 2013
Sara la baigneuse dans les Orientales de Victor Hugo dans Anthologie de la Poésie française de André Gide aux éditions de La Pléiade
"Puis, je pourrais, sans qu'on presse
Ma paresse,
Laisser avec mes habits
Trainer sur les larges dalles
Mes sandales
De drap brodé de rubis."
Ainsi se parle en princesse,
Et sans cesse
Se balance avec amour,
La jeune-fille rieuse,
Oublieuse
Des promptes ailes du jour.
Et cependant des campagnes
Ses compagnes
Prennent toutes le chemin.
Voici leur troupe frivole
Qui s'envole
En se tenant par la main.
Chacune, en chantant comme elle,
Passe, et mêle
Ce reproche à sa chanson :
- Oh! la paresseuse fille
Qui s'habille
Si tard un jour de moisson!
Victor Hugo
Juillet 1828
Les Orientales,XIX.
Ma paresse,
Laisser avec mes habits
Trainer sur les larges dalles
Mes sandales
De drap brodé de rubis."
Ainsi se parle en princesse,
Et sans cesse
Se balance avec amour,
La jeune-fille rieuse,
Oublieuse
Des promptes ailes du jour.
Et cependant des campagnes
Ses compagnes
Prennent toutes le chemin.
Voici leur troupe frivole
Qui s'envole
En se tenant par la main.
Chacune, en chantant comme elle,
Passe, et mêle
Ce reproche à sa chanson :
- Oh! la paresseuse fille
Qui s'habille
Si tard un jour de moisson!
Victor Hugo
Juillet 1828
Les Orientales,XIX.
mardi 4 juin 2013
A la lumière d'hiver de Philippe Jaccottet chez Poésie/Gallimard
Déchire ces ombres enfin comme chiffons,
vêtu de loques, faux mendiant, coureur de linceuls :
singer la mort à distance est vergogne,
avoir peur quand il y aura lieu suffit. A présent,
habille-toi d'une fourrure de soleil et sors
comme un chasseur contre le vent, franchis
comme une eau fraiche et rapide ta vie.
Si tu avais moins peur,
tu ne ferais plus d'ombre sur tes pas.
mardi 28 mai 2013
Baltique Oeuvres complètes 1954-2004 traduit du suédois par Jacques Outin de Tomas Transtromer aux éditions Galiimard
L'arbre et le firmament
Un arbre marche sous la pluie,
passe à côté de nous dans la grisaille ruisselante.
Il a une mission. Il soutire la vie à la pluie
comme un merle à un verger.
Quand la pluie cesse, l'arbre s'arrête.
Il brille, paisible et droit dans la nuit scintillante
dans l'attente comme nous de l'instant
où les flocons de neige viendront éclore dans l'univers.
vendredi 17 mai 2013
Consolation à Idalie sur la mort d'un Parent de Tristan L'hermite dans Anthologie de la poésie française de Georges Pompidou
Le Temps qui, sans repos, va d'un pas si léger,
Emporte avecque lui toutes les belles choses :
C'est pour nous avertir de le bien ménager
Et faire des bouquets en la saison des roses.
vendredi 3 mai 2013
Madrigal triste de Charles Baudelaire dans Les Fleurs du Mal Additions de la troisième édition
Je sais que ton coeur, qui regorge
De vieux amours déracinés,
Flamboie encore comme une forge,
Et que tu couves sous ta gorge
Un peu de l'orgueil des damnés;
lundi 8 avril 2013
Au café du canal de Pierre Perret
Pierre Perret
AU CAFÉ DU CANAL Paroles et musique: Pierre Perret, 1977
Chez la jolie Rosette au café du canal
Sur le tronc du tilleul qui ombrageait le bal
On pouvait lire sous deux cœurs entrelacés
Ici on peut apporter ses baisers
Moi, mes baisers je les avais perdus
Et je croyais déjà avoir tout embrassé
Mais je ne savais pas que tu étais venue
Et que ta bouche neuve en était tapissée
La chance jusqu'ici ne m'avait pas souri
Sur mon berceau les fées se penchaient pas beaucoup
Et chaque fois que je tombais dans un carré d'orties
Y avait une guêpe qui me piquait dans le cou
Pourtant ma chance aujourd'hui elle est là
Sous la tonnelle verte de tes cils courbés
Quand tu m'as regardé pour la première fois
Ma vieille liberté s'est mise à tituber
(...)
A écouter Dans l'émission Pas la Peine de Crier sur France Culture le 26 03 2013 en courant après. Quand les lundi sont de pluie froide, un baiser, juste un dans des oreilles fermées aux bruits du monde. Les voix qui chantent c'est comme les livres, de la vie soufflée, de l'air sur la colère, du rire sur des soupirs...
AU CAFÉ DU CANAL Paroles et musique: Pierre Perret, 1977
Chez la jolie Rosette au café du canal
Sur le tronc du tilleul qui ombrageait le bal
On pouvait lire sous deux cœurs entrelacés
Ici on peut apporter ses baisers
Moi, mes baisers je les avais perdus
Et je croyais déjà avoir tout embrassé
Mais je ne savais pas que tu étais venue
Et que ta bouche neuve en était tapissée
La chance jusqu'ici ne m'avait pas souri
Sur mon berceau les fées se penchaient pas beaucoup
Et chaque fois que je tombais dans un carré d'orties
Y avait une guêpe qui me piquait dans le cou
Pourtant ma chance aujourd'hui elle est là
Sous la tonnelle verte de tes cils courbés
Quand tu m'as regardé pour la première fois
Ma vieille liberté s'est mise à tituber
(...)
A écouter Dans l'émission Pas la Peine de Crier sur France Culture le 26 03 2013 en courant après. Quand les lundi sont de pluie froide, un baiser, juste un dans des oreilles fermées aux bruits du monde. Les voix qui chantent c'est comme les livres, de la vie soufflée, de l'air sur la colère, du rire sur des soupirs...
vendredi 5 avril 2013
Art poétique de GUILLEVIC dans Poésie/Gallimard
Contre les ventres des brouillards."
dans Paroi
mercredi 3 avril 2013
Art poétique de Guillevic aux éditions Gallimard
"On est toujours au bord
Même quand le bord n'est pas visible (...)"
dans Paroi
Même quand le bord n'est pas visible (...)"
dans Paroi
lundi 25 mars 2013
Paroi dans Art poétique de Guillevic
N'allons pas ressembler
Aux innombrables chiens
Qui aboient tout l'espace
Du soir et de la nuit
Dans des pays de plaine
jeudi 21 mars 2013
Le dit de l'Hyperboréen dans Un monde ouvert de Kenneth White
longtemps le monde a été une auberge
une taverne sur les derrières du ciel où tous étaient anuités et perdus
mais je dis que le monde est un champ de possibles
l'envol de sauvages poèmes.
Nourris le feu et allume ta lampe
sans te soucier du froid ni du noir qui s'en vient
prends tes bouquins continue tes études
et que personne n'aille dire que tu as peur du silence
ou qu'à t'apitoyer sur toi-même tu t'es pourri
les bêtes hurlent à la lune elle les fascine
mais toi prends-lui sa force et tourne-lui le dos
et puis écris dans ta propre blancheur
trace ton propre parcours
toutes les mues cachées de l'hiver
laisse la vieille buse jeter sa morve et faire des siennes
de la neige tisse-toi une chemise de flanelle
avec un pan épais pour te couvrir les fesses
fais usage de la pluie pour fabriquer ton grog
et du vent pour tourner les pages de ton livre
la force personnelle peut faire des prodiges
sans elle le talent n'est rien
augmente ta vie
trempe-toi le caractère
et tire profit à plein de cet hiver.
une taverne sur les derrières du ciel où tous étaient anuités et perdus
mais je dis que le monde est un champ de possibles
l'envol de sauvages poèmes.
Nourris le feu et allume ta lampe
sans te soucier du froid ni du noir qui s'en vient
prends tes bouquins continue tes études
et que personne n'aille dire que tu as peur du silence
ou qu'à t'apitoyer sur toi-même tu t'es pourri
les bêtes hurlent à la lune elle les fascine
mais toi prends-lui sa force et tourne-lui le dos
et puis écris dans ta propre blancheur
trace ton propre parcours
toutes les mues cachées de l'hiver
laisse la vieille buse jeter sa morve et faire des siennes
de la neige tisse-toi une chemise de flanelle
avec un pan épais pour te couvrir les fesses
fais usage de la pluie pour fabriquer ton grog
et du vent pour tourner les pages de ton livre
la force personnelle peut faire des prodiges
sans elle le talent n'est rien
augmente ta vie
trempe-toi le caractère
et tire profit à plein de cet hiver.
Le vallon d'Alphonse de Lamartine
Mais la nature est là qui t'invite et qui t'aime ;
Plonge-toi dans son sein qu'elle t'ouvre toujours ;
Quand tout change pour toi, la nature est la même,
Et le même soleil se lève sur tes jours.
De lumière et d'ombrage elle t'entoure encore ;
Détache ton amour des faux biens que tu perds ;
Adore ici l'écho qu'adorait Pythagore,
Prête avec lui l'oreille aux célestes concerts.
Suis le jour dans le ciel, suis l'ombre sur la terre ;
Dans les plaines de l'air vole avec l'aquilon ;
Avec les doux rayons de l'astre du mystère
Glisse à travers les bois dans l'ombre du vallon.
Plonge-toi dans son sein qu'elle t'ouvre toujours ;
Quand tout change pour toi, la nature est la même,
Et le même soleil se lève sur tes jours.
De lumière et d'ombrage elle t'entoure encore ;
Détache ton amour des faux biens que tu perds ;
Adore ici l'écho qu'adorait Pythagore,
Prête avec lui l'oreille aux célestes concerts.
Suis le jour dans le ciel, suis l'ombre sur la terre ;
Dans les plaines de l'air vole avec l'aquilon ;
Avec les doux rayons de l'astre du mystère
Glisse à travers les bois dans l'ombre du vallon.
mercredi 20 mars 2013
Le Voyage de Charles Baudelaire
"Nous imitons, horreur! La toupie et la boule
Dans leur valse et leurs bonds ; même dans nos sommeils
La curiosité nous tourmente et nous roule,
Comme un Ange cruel qui fouette les soleils.
Singulière fortune où le but se déplace,
Et n'étant nulle part, peut-être n'importe où!
Où l'Homme, dont jamais l'espérance n'est lasse,
Pour trouver le repos court toujours comme un fou!"
Dans leur valse et leurs bonds ; même dans nos sommeils
La curiosité nous tourmente et nous roule,
Comme un Ange cruel qui fouette les soleils.
Singulière fortune où le but se déplace,
Et n'étant nulle part, peut-être n'importe où!
Où l'Homme, dont jamais l'espérance n'est lasse,
Pour trouver le repos court toujours comme un fou!"
lundi 18 mars 2013
A la lumière d'hiver de Philippe Jacottet
espérer sous tant de nuages est moins facile,
le socle des montagnes fume de trop de brouillard...
(Il faut pourtant que nous n'ayons guère de force
pour lâcher prise faute d'un peu de soleil
et ne pouvoir porter sur les épaules, quelques heures,
un fagot de nuages...
Il faut que nous soyons restés bien naîfs
pour nous croire sauvés par le bleu du ciel
ou châtiés par l'orage et par la nuit.)
mercredi 27 février 2013
Rondeaux de Charles d'Orléans
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.
jeudi 13 septembre 2012
Chant d'automne de Charles Baudelaire dans l'Anthologie de la poésie française de Georges Pompidou
Bientôt nous replongerons dans les froides ténèbres ;
Adieu vive clarté de nos étés trop courts !
J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.
Adieu vive clarté de nos étés trop courts !
J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.
dimanche 24 juin 2012
Pas revoir de Valérie Rouzeau aux éditions La Table Ronde
M'endors seule avec le bruit d'une
abeille comme blessée de s'être approchée
des lampes.
L'entends dans les livres et le bois cra-
quer ses deux ailes d'or mais quand je ral-
lume ne la trouve pas.
Tant pis me rendors tant pis qu'elle soit
une ou mille j'ai sommeil seule avec son
bruit d'une autre mortelle.mercredi 13 juin 2012
Le matin de Théophile de Viau dans Anthologie de la poésie française de Georges Pompidou.
L'aurore sur le front du jour
Sème l'azur, l'or et l'ivoire,
Et le soleil, lassé de boire,
Commence son oblique tour.
Ses cheveux, au sortir de l'onde,
De flamme et de clarté couverts,
La bouche et les naseaux ouverts,
Ronflent la lumière du monde.
mardi 24 janvier 2012
Lieu-dit l'Eternité d'Emily Dickinson traduit de l'Anglais par Patrick Reumaux
Pour faire une prairie, il faut un trèfle et une seule abeille,
Un seul trèfle, et une abeille
Un seul trèfle, et une abeille
Et la rêverie.
La rêverie seule fera l'affaire,
Si on manque d'abeilles.
To make a prairie it takes a clover and one bee,
One clover, and a bee,
And revery.
The revery alone will do
If bees are few.
;
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